[PORTRAITS]

13/06/2024

Rencontre avec Georges ZEISEL, directeur artistique des Rencontres Musicales de La Baule.

À l'occasion de la 2ème édition des Rencontres Musicales de La Baule, nous avons eu l'honneur de rencontrer Georges ZEISEL, le directeur artistique de cet évènement.

Photo%20mr%20zeisel%20(1) - Attribut alt par défaut.

*Bonjour Monsieur ZEISEL, pourriez-vous décrire brièvement votre parcours dédié depuis tant d’années à la musique classique ?

Mes premières expériences professionnelles dans la musique remontent à 1974. J'ai été critique musical pour Diapason et Harmonie. En 1978, je suis devenu producteur d’émissions de radio sur France Musique et France Culture, comme Les Vieilles Cires et Les Grands Concerts d’Archive. Cette période m'a permis d'explorer les
archives sonores et de reconstituer une généalogie des styles et interprètes jusqu'au 19ème siècle.

En remontant aux sources de la musique classique du 18ème siècle, nous avons réalisé une série documentaire pour Arte avec Catherine Zins, retraçant l’histoire du quatuor à cordes, de Haydn, Mozart et Beethoven en Europe du 19ème siècle, jusqu'à ses migrations aux États-Unis.

L’association ProQuartet, que nous avons fondée en 1987, a permis aux jeunes musiciens de bénéficier de l'expérience des grands maîtres exilés et de raviver la pratique de ce genre musical en France. Les festivals de musique de chambre, master-classes et académies que nous avons initiés ont sensibilisé le public et aidé les nouvelles générations à créer de nouveaux ensembles et à renouveler le répertoire.

*Vous avez co-créé le 1er festival de musique classique de La Baule qui s’est produit pour la première fois en 2023, comment est née cette intuition ?

Les Rencontres Musicales de La Baule sont nées du souhait de Frank Louvrier, le Maire de La Baule, et de son équipe, d'offrir un festival de musique classique au public baulois et aux estivants. Je n'ai pas hésité quand son équipe m'a fait redécouvrir un équipement de spectacle extraordinaire dans le Parc des Dryades de La Baule. Le superbe amphithéâtre de plein air, avec ses 1200 places et son plateau de 240m2, offre un cadre magique pour des récitals et orchestres symphoniques.

*Vous associez musique classique et patrimoine culturel, grands musiciens et jeunes talents : c’est votre marque de fabrique ? Pourquoi cet alliage ?

En fait, c'est l'adéquation entre la musique et le lieu qui est déterminante. Nous cherchons toujours quelle musique et quels musiciens peuvent être inspirés par un lieu inspirant. Parfois, une magie opère, créant un événement unique et mémorable.

C’est pourquoi nous proposons dans les églises ou chapelles de la presqu'île de la Côte d'Amour des concerts de musique de chambre et de quatuor à cordes, ces lieux s’y prêtent admirablement. Lorsque Renaud Capuçon est venu l'an dernier, il a spontanément voulu revenir, adoptant l'amphithéâtre qui a compris sa musicalité. Sans sonorisation, les musiciens ont superbement joué et le public était comblé.

Les grands musiciens et les jeunes talents expriment une relation de transmission. C'est une démarche à laquelle je suis très attachée dans ma vie professionnelle. La musique, notamment le quatuor à cordes, est une discipline du dialogue où l'expérience des anciens est indispensable pour les jeunes. Une bonne interprétation musicale parle directement à notre sensibilité sans besoin de traduction.

*L’édition 2024 approche, quelle est votre ambition pour cette saison ? Y aura-t-il des nouveautés ?

Notre ambition est que le public de la musique classique apprécie nos propositions et se déplace aux concerts. Les Rencontres sont le premier festival estival de musique classique à La Baule depuis longtemps. Rassembler un public, le voir heureux à l’issue d’un concert et voir le festival s’installer et rayonner est notre objectif.

Les plateaux réunis nous permettent de recevoir des musiciens emblématiques. Khatia Buniatishvili, une musicienne exceptionnelle, donnera un récital de piano dans l’amphithéâtre. L’Orchestre National des Pays de la Loire revient avec deux solistes du Quatuor Belcea. Renaud Capuçon et Guillaume Bellom interpréteront, pour la première fois, l’intégrale des sonates pour violon et piano de Brahms.

La nouveauté est que le festival sort de son écrin de verdure des Dryades pour donner place à de jeunes musiciens encadrés par de grands chambristes et solistes : Corina Belcea, Antoine Lederlin, Lise Berthaud et François Salque animeront la première “Académie du Pays Blanc”. Ses concerts irrigueront les lieux patrimoniaux de la presqu’île : les églises Sainte Thérèse et la Chapelle du Sacré-Cœur à La Baule, ainsi que la Chapelle Saint Anne de Penchâteau du Pouliguen.

*Pourquoi avoir choisi La Baule comme destination de ce festival ?

Mes parents ont acquis une villa face au bois des Aulnes en 1951, quand j'avais un an. J'y passais mes vacances d'été jusqu'à l'âge de 12 ans. Ma vie professionnelle s'est déroulée à Paris, et j'ai redécouvert La Baule il y a quelques années en réhabilitant cette maison. Depuis, je redeviens graduellement baulois. La musique fait partie de ma vie, il est donc naturel que nous nous soyons suivis.

*Et pour finir, 1 mot pour donner envie à nos clients de se déplacer ?

Lorsque l’on choisit de venir à La Baule, c’est pour respirer loin de l’agitation des grandes villes. La mer nous offre un sentiment de permanence rassurant face à l’instabilité du monde. Le cadre de l’amphithéâtre des Dryades, protégé par les pins, dégage une atmosphère particulière lorsqu'il est habité par la musique. Il nous rapproche de la nature dont nous avons besoin, celle qui inspire le calme, au point d'entendre le silence dans la musique.

La magie des lieux et l’inspiration des musiciens promettent des expériences uniques qui valent le déplacement !