[PORTRAITS]

28/09/2023

Rencontre avec Alain SURRANS, directeur général d'Angers Nantes Opéra

En septembre, Alain SURRANS, directeur général d'Angers Nantes Opéra nous a ouvert les portes du Théâtre Graslin, monument incontournable de Nantes. Découvrez son témoignage.

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* Bonjour Alain, pouvez-vous nous parler un peu de vous, comment est né votre passion pour l'opéra ? 

Lillois d’origine, je viens d’un milieu plutôt modeste. Le chant est venu à moi par hasard : la proposition, à huit ans, d’entrer dans la chorale de ma paroisse. Un coup de foudre avec le chant ! Par la suite, j’ai appris sérieusement la musique. Mes parents m’ont soutenu dans ma passion, faisant même l’acquisition d’un piano. La découverte de l’opéra, ma première Traviata, à quinze ans, a décuplé mon ardeur. J’ai poursuivi l’étude du chant au conservatoire de Lille, en même temps que je préparais une licence d’histoire de l’art à l’université.


* Qu'est-ce qui vous plaît tant dans l'opéra ? 

La voix d’abord, qui dans l’opéra est poussée au maximum de ses possibilités techniques, musicales, expressives. Or la voix est un instrument qui nous est tous commun, auquel personne n’est indifférent. A tout âge, nous avons un chanteur, rocker, crooner, rappeur ou ténor d’opéra, qui nous transporte.

L’opéra c’est aussi une histoire de communication émotionnelle : les artistes entre eux, les artistes avec le public, et même les spectateurs entre eux. Le chant lyrique est très physique, les sentiments ne se transmettent pas seulement aux yeux et aux oreilles, mais d’une certaine manière au corps tout entier. L’opéra, comme d’autres formes de théâtre musical, vous fait vivre une expérience de partage unique dans les arts de la musique et du spectacle.


* Avez-vous d'autres activités en dehors d'Angers Nantes Opéra ? 

Oui, bien sûr, même si la musique et l’opéra occupent le plus clair de mon temps. Ainsi je suis vice-président de l’Orchestre français des Jeunes et de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret à Paris. J’ai écrit plusieurs ouvrages sur divers compositeurs et réalisé une dizaine d’expositions. Mais j’aime aussi beaucoup la danse : je préside le Centre de développement chorégraphique national de Château-Thierry, dans l’Aisne. 



* Pouvez-vous nous parler un peu plus de la mission d'Angers Nantes Opéra ? 

Une maison d’opéra, c’est d’abord une entreprise, très organisée, dont chaque production mobilise au moins 140 personnes, appartenant à de très nombreuses corporations : musiciens, solistes du chant, choristes, comédiens, danseurs, mais aussi des techniciens de la lumière, de la scène, et de formidables artisans : accessoiriste, menuisiers, serruriers, peintres, tapissiers, couturiers, perruquiers, maquilleurs ; la liste est loin d’être exhaustive.


Tout cela a un coût. L’opéra, c’est cher ! Mais la volonté des villes de Nantes et Angers, nos principaux financeurs, est de permettre l’accès de nos théâtres au plus grand nombre. Les tarifs des places sont très modérés, et nous mettons en œuvre tout ce qui permet d’élargir le public en ciblant d’abord ceux qui ne sont encore jamais venus. Ainsi notre saison s’enrichit d’une série de « voix du monde » qui fait entrer dans nos maisons de nouveaux spectateurs. Nous présentons avec notre chœur permanent et nos artistes en résidence des concerts à 4 €, « Ça va mieux en le chantant », qui proposent découverte et redécouverte de l’opéra et des répertoires populaires sous une forme participative qui remporte un vif succès. Là encore, il s’agit de privilégier le partage

* Que pouvez-vous nous dire de la programmation de cette saison 2023 / 2024 en quelques mots ?

Nous avons voulu, d’abord, réagir à une certaine morosité ambiante par une thématique légère et joyeuse, : Béatrice et Bénédict, opéra-comique de Berlioz, librement inspiré de Beaucoup de bruit pour rien, une des pièces les plus souriantes de Shakespeare ; et puis La Chauve-Souris, première opérette et chef-d’œuvre du roi de la valse, Johann Strauss. En contraste viennent s’ajouter Tosca, de Puccini, sombre drame et grande partition de ce compositeur, et un ouvrage de pure poésie théâtrale et sonore, Les Ailes du désir, du compositeur Othman Louati, inspiré par le film de Wim Wenders. Parmi les partenaires de nos projets, il y a bien sûr l’Orchestre National des Pays de la Loire, de nombreux théâtres et des maisons d’opéra, en premier lieux celle de Rennes qui accueillera chacune des productions que je viens de mentionner.

L’accueil fait à nos propositions est toujours très chaleureux. Les 820 places du Théâtre Graslin sont très vite remplies, ce qui me conforte dans la certitude que nous avons trouvé le ton pour rencontrer nos spectateurs et partager avec eux les émotions de l’opéra et de la voix chantée en général.


* Pour terminer cet échange, pouvez-vous justement nous parler de votre rapport à la ville de Nantes ? 

J’ai dit que j’étais lillois mais, par ma mère, je suis aussi angevin et j’ai passé presque toutes mes vacances d’enfant en Anjou. Directeur de l’Opéra de Rennes de 2004 à 2017, j’ai fait le grand saut vers l’Ouest il y a près de vingt ans. Nantes m’est donc devenue familière depuis longtemps. Je suis heureux d’y vivre car c’est une ville très riche et très innovante. C’est une ville d’invention et de création artistique où tous les acteurs de la culture sont comme moi des passionnés. Une ville pour moi !


Pour en savoir plus sur Angers Nantes Opéra et la programmation 2023 / 2024, rendez-vous sur leur site


@Martin Argyroglo