29/04/2020
Thibault de Saint-Vincent : le président de Barnes, dresse un état des lieux et livre ses perspectives.
Impacts du coronavirus sur l’économie, conséquences sur le marché immobilier de prestige, sortie de crise et priorités à mettre en place…
En dépit du confinement, avez-vous réalisé des ventes récemment ? Si oui, où et dans quel contexte ?
Thibault de Saint Vincent : A titre d’exemple, il y a ce qui se passe actuellement à Paris chez Barnes. Le 16 mars, alors que nous avons dû fermer nos 18 bureaux agences, nous comptions 122 promesses de vente en cours et 87 offres d’achat acceptées. Sur les 122 promesses de vente en cours, une dizaine contenaient des délais de rétractation non encore expirés. Depuis cette date, nous avons donc enregistré trois rétractations et trois acquéreurs nous ont signifié, qu’il n’avait pas obtenu leur prêt. Nous pouvons dire que malgré la crise, la confiance semble rester pleine et entière dans l’immobilier haut-de-gamme.
Quel impact, selon vous, aura la pandémie du Covid-19 sur les marchés immobiliers ?
La sortie de crise sera donc différente à Paris, à Madrid, à Londres, à Lisbonne ou à New York. Elle sera également différente d’un lieu de villégiature à l’autre. Nous avons reçu de nombreux appels, dans toutes les villes où nous sommes implantés, d’investisseurs qui se disent prêts à agir rapidement pour acquérir des biens de qualité dont le prix serait intéressant. En parallèle, nous recevons également des appels de particuliers, qui nous disent être désormais pressés d’acheter car ils disposent de sommes importantes qu’ils ne souhaitent pas laisser trop longtemps sur leur compte en banque. Par ailleurs, nous continuons à réaliser des ventes dans tous les quartiers de Paris mais également dans le sud de la France, à Biarritz, à Lisbonne ou à Londres. Celles-ci sont évidemment beaucoup moins nombreuses qu’avant et se comptent dans chacune de ces villes sur les doigts d’une main mais cela nous permet de constater que l’immobilier haut de gamme survit malgré la crise.
Quelles sont, selon vous et à ce stade, les priorités pour l’économie et l’immobilier ?
Pour l’économie : Il est essentiel que l’Etat soutienne d’une manière générale toutes les entreprises françaises. Ce soutien passe par différentes mesures : Un décret qui suspend le règlement au propriétaire des loyers de bureaux et boutiques pendant la période de confinement, qui peut s’accompagner en parallèle d’un report de 6 mois des échéances de remboursement de prêt des propriétaires fonciers de boutiques et bureaux. Pour les entreprises, un report des échéances de remboursement de prêts de 6 mois avec un rallongement équivalent de la durée de ces prêts. Des prêts aux entreprises garantis par l’Etat. Favoriser d’une manière générale et au plus vite la reprise de toutes les activités avec la mise en place de mesure de protection. Prévoir des remises des charges sociales à 100 % pendant la période de confinement. Prévoir des reports d’au moins 6 mois concernant le paiement des charges sociales et taxes, y compris possibilité d’étalement de ces charges.
Pour l’immobilier : D’une manière générale, favoriser la signature numérique de tous les actes notariés. Renoncer au droit de préemption de l’Etat pendant la durée du confinement de manière à ne pas prolonger de deux mois la durée de toutes les promesses de vente en cours. Autoriser les agences immobilières à rouvrir leurs portes au plus vite tout en respectant les mesures de précaution. Il est à noter que l’activité de transaction immobilière est considérée comme une activité essentielle dans différents pays, notamment les USA. Il pourrait en être de même en France.
Pour votre secteur d’activité, quelles sont les raisons d’espérer ?
Nous pouvons d’ores et déjà faire le constat que la confiance reste pleine et entière dans l’immobilier de prestige, qui représente la valeur refuge par excellence. L’immobilier haut de gamme était déjà considéré comme une valeur refuge depuis une bonne vingtaine d’années d’un point de vue financier mais avec la crise du Coronavirus, tous ont pris conscience qu’avoir un bien de qualité bien placé, avec de beaux volumes, une belle vue, une terrasse ou un beau jardin, c’est aussi le meilleur des refuges quand tout va mal. On l’avait oublié mais la pierre de qualité ce n’est pas qu’une valeur refuge financière mais c’est aussi un refuge physique. Et la plupart des acquéreurs en ont aujourd’hui pleinement conscience.
Y aura-t-il un avant et un après ?
L’après-crise n’est jamais un retour au monde d’avant : Il convient donc se poser, prendre du recul sur notre vie professionnelle et réfléchir à comment améliorer notre manière de travailler. Des prises de conscience profondes vont faire évoluer nos vies et nos perceptions avec notamment un souci plus grand de l’équilibre local et une plus grande attention à son environnement proche et à son cadre de vie. Un confinement jamais vu et prolongé dans son lieu d’habitation va changer l’importance qu’on lui porte. C’est effectivement vital d’être bien chez soi quand on y vit 24h/24h durant plusieurs semaines sans en sortir et que l’on travaille de la maison.
Par Olivier Marin,
de Propriétés Le Figaro,
publié le 23 avr. 2020